L’Armée de l’air suédoise

Une industrie au point

L’Armée de l’air suédoise fut créée en 1926 par un amalgame des unités aériennes de l’Armée de terre et de la Marine. En 1936, quand les nuages menaçants d’une guerre commenceront de se montrer, le parlement approuva une loi de programmation qui visa le renforcement de la défense. Cependant, il était trop tard pour faire un vrai réarmement ; il était surtout très difficile d’acheter des avions de guerre sur le marché internationale. En effet, le réarmement ne fut pas achevé avant 1948.

Cela fut une expérience importante. Si la Suède voulait maintenir son indépendance, il lui fallait avoir sa propre industrie d’armement. Les premiers avions d’après-guerre furent importés de l’étranger – surtout du Royaume-Uni (Vampire, Venom, Hawker Hunter). Cependant, le premier avion conçu en Suède, le B-17 (B pour bombardement), volait déjà en 1940. Avec les 585 J-29 Tunnan [le Tonneau] (J pour chasse), l’Armée de l’air fut pendant quelques années la quatrième armée de l’air du monde[1].

L’industrie aérienne (SAAB fondée en 1937) joua un rôle très important pendant la guerre froide ainsi qu’aujourd’hui. Elle fournit l’Armée de l’air avec des avions modernes et bien adaptés aux conditions robustes suédoises. Mais elle fut aussi un gage pour la politique dite de neutralité, en montrant l’indépendance industrielle du pays. Ce qui devint de moins en moins vrai lorsqu’elle fut de plus en plus dépendante de l’industrie américaine. L’industrie aérienne fut aussi un moteur technologique pour tout l’industrie suédoise.

Organisation et logistique

L’Armée de l’air est organisée en flottilles. Une flottille correspond à une base aérienne en France plus deux escadrilles d’une dizaine d’avions. Le nombre de flottilles aujourd’hui est de quatre dont une pour les hélicoptères. Il faut savoir que l’Armée de l’air gère tous les hélicoptères des forces armées.

Pendant la guerre froide, les escadrilles et leurs compagnies de soutien étaient des unités opérationnelles. La Suède opta pour la dispersion des unités plutôt que dans des abris fortifiés. Des bases furent donc aménagées un peu partout en Suède. On utilisa souvent aussi des routes nationales renforcées comme pistes de réserve. En somme, il fut créé environ 200 pistes en Suède. Tout cela disparut après l’an 2000 quand les forces armées furent transformées en forces expéditionnaires et en même temps extrêmement réduites. Il n’y avait plus, croyait-on, un besoin de défendre la Suède.

L’Armée de l’air participa en 2011 aux opérations en Libye avec des JAS 39 en rôle de reconnaissance.

La défense moderne

Après l’agression russe contre la Géorgie et l’Ukraine, la politique de défense fit demi-tour. Désormais, c’est la défense du territoire qui est la priorité. Cependant, construire une défense crédible et moderne va prendre du temps – surtout alors que le budget de défense est sévèrement limité. En effet, la Suède ne consacre que 1 % de son PNB aux forces armées. Non-membre mais très proche de l’OTAN, elle compte sur une aide des alliés en cas d’attaque.

L’Armée de l’air d’aujourd’hui dispose de 96 JAS 39 Gripen C/D qui seront remplacés par le nouveau JAS 39 E – mais le nombre sera réduit à 60 avions. Ce nombre est trop réduite compte tenu de la taille de la Suède dont la situation stratégique est liée avec la situation des pays Baltes, membres de l’OTAN, vis-à-vis de la Russie.  Il y a aussi des avions de transport, de ROEM[2] ainsi que de veille aérienne et commandement.

Un pilote de chasse vole aujourd’hui entre 80 et 160 heures plus 20 à 50 heures en simulateur. JAS 39 est un avion multi rôle : J = chasse, A = assaut, S = reconnaissance. C’est la mission de chasse qui a la priorité. Pour l’assaut, on utilise des missiles RBS 15, comme la Marine. Les Gripen sont interopérables avec les normes de l’OTAN.

Enfin, il faut mentionner que la défense sol-air appartient à l’Armée de terre qui vient de se décider pour le Patriot américaine.

Comme les autres armées, l’Armée de l’air a un personnel bien entrainé et un matériel techniquement avancé. Le grand problème est le faible nombre d’unités.

Pour le futur, la grande soucie du Chef de l’Armée de l’air, le général Helgesson, est de tenir l’équilibre entre les composantes nécessaires : hommes, matériel, infrastructure, ainsi qu’entre les avions, le commandement et la logistique.

[1] Voir Lars Wedin, « Le rôle de l’Armée de l’air dans la stratégie suédoise pendant la guerre froide », Stratégique no 102, 2013.

[2] Renseignement d’origine électromagnétique

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