Aujourd’hui, il n’y a que peu d’intérêt pour la stratégie nucléaire. Pour la
plus grande partie des policymakers, le seuil nucléaire est absolu – ce qui se
passe au-delà de ce seuil est impensable. Le seuil nucléaire constitue la frontière
entre ce que l’on sait et ce à quoi on ne veut même pas réfléchir. Cependant,
ce seuil est bien réel – il fonctionne comme le couvercle d’une casserole, qui retient
les conflits dans le domaine de la guerre limitée, selon la définition du général
Beaufre.
Cependant, plusieurs facteurs font que les stratégies nucléaires reviennent
dans l’actualité. En France, la dissuasion se discute davantage à cause, entre autres,
de son coût ; le Sénat y a consacré un bon nombre d’auditions. Pour la Russie,
l’arme nucléaire joue un rôle très important et on n’a pas hésité à l’utiliser comme
arme virtuelle dans une stratégie de gesticulation. Nous y reviendrons. L’accord
récent de Genève sur le programme nucléaire de l’Iran, désormais exclusivement
pacifique, n’est guère assez convaincant pour les voisins stratégiques de l’Iran, et
surtout Israël. Le djihadisme – particulièrement la stratégie d’anéantissement du
prétendu État islamique – avec ses objectifs absolus est aussi un facteur potentiel
dans le jeu nucléaire.
Dans cet article, nous nous concentrons sur l’échiquier européen.
Voir la suite dans Revue Défense Nationale été 2015